Polémique chez les investisseurs sur les critères ESG et les bonus des dirigeants

Selon un article du Financial Times, un nombre croissant d'entreprises américaines utilise des facteurs environnementaux et sociaux pour déterminer les primes de leurs dirigeants. Ce qui inquiète les investisseurs.

Polémique chez les investisseurs sur les critères ESG et les bonus des dirigeants
Photo by micheile henderson / Unsplash

Selon un article publié fin août dans le Financial Times, il ressort qu'un nombre croissant de grandes entreprises américaines utilisent des facteurs environnementaux et sociaux pour déterminer les primes de leurs cadres supérieurs. Or, les investisseurs craignent que ces mesures ne soient détournées pour augmenter les rémunérations et avantages des hauts dirigeants.

Les mesures ESG (Critères : environnement, social et gouvernance) font de plus en plus partie des plans de rémunération des entreprises.

Trois quarts des entreprises du S&P 500 (indice boursier sur 500 sociétés cotées aux USA) ont révélé que les paramètres environnementaux, sociaux et de gouvernance contribuaient à la rémunération des cadres, contre deux tiers des entreprises en 2021, selon les données du Conference Board et d'Esgauge, une société d'analyse des données ESG. Parmi ces entreprises figurent American Express, Dow et Southwest Airlines.

Plus de la moitié des entreprises du S&P 500 intègrent des éléments relatifs à la diversité et à l'inclusion dans la rémunération de leurs dirigeants, selon le cabinet de conseil Semler Brossy. Près de la moitié de ces entreprises ont inclus des mesures environnementales dans les primes, contre un quart des entreprises en 2020.

Bonus et critères ESG : bonne ou mauvaise pratique ?

Certains de ces paramètres de rémunération des cadres font l'objet de critiques de la part des gestionnaires d'actifs. Ben Colton, responsable de la gestion chez State Street Global Advisors, gestionnaire de 3,79 milliards de dollars, a exprimé sa méfiance envers l'utilisation des mesures ESG dans la rémunération, les considérant souvent comme subjectives et manipulables. Southwest Airlines a notamment été citée en exemple, avec une augmentation de 76 % de la rémunération de son PDG l'année dernière, malgré l'annulation de milliers de vols pendant la saison des fêtes. Le plan de rémunération de Southwest a été critiqué par Strive Asset Management, une société connue pour ses positions conservatrices, pour son utilisation des principes d'investissement ESG.

D'autres gestionnaires d'actifs soutiennent cependant l'intégration de mesures ESG dans la rémunération. C'est le cas par exemple de Legal & General Investment Management, basée au Royaume-Uni, qui souhaite lier les objectifs de neutralité carbone nette à la rémunération des dirigeants à partir de 2025.

Une tendance qui se développe et qui permet d'avoir un levier supplémentaire positif pour encourager les dirigeants (f/h/nb) à placer la neutralité carbone et la diversité et l'inclusion au premier niveau de leurs décisions et engagements.

Même si les données de rémunération liées à l'engagement des employés (f/h/nb) soulèvent des inquiétudes quant à leur objectivité et à leur manipulation, cela reste un moyen de démontrer que le pilotage de la performance d'une entreprise n'est plus uniquement reliée aux profits et à la rentabilité, mais également à la performance sociale et environnementale.

CSRD et bonus ESG

On entend par l'acronyme anglais CSRD : la "Corporate Sustainability Reporting Directive" (en français : Directive sur les rapports de développement durable des entreprises ») publiée dans le Journal Officiel de l'Union Européenne en décembre 2022 après le vote des Etats du Parlement Européen.

Pour éviter les effets de bord et les primes versées sans résultats corrélés, qui pourraient permettre aux dirigeants d'obtenir une compensation supplémentaire, indépendamment des performances de l'entreprise, des bonnes pratiques de reporting extra-financier s'avèrent nécessaires.

La CSRD est un des moyens qui, avec les indicateurs de reporting social et environnemental, permettont d'attester de la performance globale de l'entreprise et de définir des principes d'attribution de bonus reposant sur la straégie globale. Ce, en y intégrant des éléments de suivi et de pilotage des performances extra-financières via des indicateurs et objectifs concrets tels que le suivi des taux d'émissions de gaz à effet de serre de l’entreprise ou les écarts de salaires entre les femmes et les hommes.

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