Ben-Hur Kabengele "Le sujet de la data a été plébiscité"

Dans un contexte économique et social sur les enjeux de diversité, d’équité et d’inclusion, (DEI) où les collaborateurs (f/h/nb) sont en demande de plus en plus d’engagements sur les sujets d’égalité des chances, nous avons interviewé Ben-hur Kabengele, président du Club Kesho.

Photo : club Kesho
Crédit : Club Kesho

Dans un contexte économique et social en mouvement notamment sur les enjeux de diversité, d’équité et d’inclusion, (DEI) où les collaborateurs (f/h/nb) sont en demande de plus en plus d’engagements, de la part de leur entreprise, sur les sujets d’équité dans les opportunités, de mixité, nous avons interviewé Ben-hur Kabengele, responsable "Pays" à l’Agence Française de Développement et président du Club Kesho.

Bonjour Ben-hur Kabengele, pouvez-vous vous présenter ?

"Je suis Responsable Pays, au sein du département Afrique de l’Agence Française de Développement (AFD) où j'officie depuis six ans. J’ai travaillé dans le secteur de l’humanitaire en République Démocratique du Congo (RDC), au sein du groupe TotalEnergies (Fondation Total). En ma qualité de Responsable "Pays" à l'AFD, j'assure le suivi de nos activités à Djibouti, et je contribue à l’élaboration et au suivi de notre cadre d’intervention dans le pays. Je fais le lien entre nos différents ministères de tutelle et nos divers services internes de l'AFD. Je travaille avec plusieurs partenaires pour construire, diffuser la connaissance du pays. Mon quotidien consiste également à animer et à garantir la bonne réalisation du cycle d’un projet (identification, instruction, exécution) en lien avec l’Agence du pays et les équipes."


Vous êtes président du “Club Kesho”. Pourquoi avez-vous créé cette structure et quel est son rôle, ses objectifs ?

"Tout d'abord, il est peut-être intéressant de savoir ce que veut dire "Kesho" ? C'est "Demain" en Shawili (1). Notre logo représente l’Europe et l’Afrique soutenues par deux mains - sans précision de la couleur de la peau pour marquer notre démarche universaliste - dont une main vernie en rouge pour marquer notre engagement féministe.

Le club Kesho est un think tank et un do tank dont l’objectif est de construire les entreprises de « demain » où l’origine ethnique ne pourra pas être un frein à l’intégration et la progression au sein d’une entreprise en France.

Depuis quatre ans au sein de l’AFD, j’ai lancé l’initiative Kult4D (*) qui vise à installer un dialogue entre les sociétés civiles de nos pays d’interventions (principalement Africains) avec les collègues de l’AFD. Nous invitons donc régulièrement des artistes pour débattre de nos actions et de leurs points de vue sur le développement (Lilian Thuram, Yasmina Khadra, Oswalde Lewat, Gauz, Elgas, Silvia Serbin, Yémi Aladé, Meiway etc.). Par ce café littéraire, nous contribuons à la diversité au sein de l’AFD et à mieux comprendre des sujets sur nos pays d’intervention (notamment en Afrique) où les diasporas de ces pays sont souvent également des citoyens français. A l'instar de cette initiative au coeur de l'AFD, j'ai découvert l'existence de plusieurs clubs :  (a) CulturAll (BNP Paribas), (b) Club Afrique de Deloitte, (c) le réseau Africa Community (Airbus), (d) le Club Maât (EY) et (e) le réseau GAHA (Corteva).

Avec toutes ces unités, nous avons créé le club Kesho, que je préside depuis trois ans, pour rassembler ainsi toutes ces dynamiques, créer des synergies, travailler en intelligence avec le management des diverses entreprises. Toujours dans l'idée de développer toujours plus de diversité et d'inclusion tant en interne qu'au niveau international.

Cet entretien est une bonne occasion de remercier le Directeur Général de l’AFD Rémy Rioux et à travers lui tous les managers des autres entreprises membres du Club Kesho pour leurs engagements."

Mi-décembre, vous avez organisé une soirée de débats, à Paris, à laquelle participait entre autres, Sandrine Charpentier CEO de Mixity. Pouvez-vous partager les thèmes abordés ?

"Nous avons réuni 3 CEO pour parler de l’« Impact de la diversité sur la performance de l'entreprise : Comment les CEO peuvent être des alliés d’une culture de diversité et d'inclusion en entreprise ?"»
Crédit : Club Kesho

J'ai animé la table ronde qui réunissait :

  • Sandrine Charpentier (she/her/hers) CEO de Mixity est intervenue, entre autres, sur les différentes possibilités de mesure et notamment celles que traite Mixity sur cinq champs majeurs de la Diversité : Egalité femmes-hommes, handicap, âges, identité de genre y compris un focus particulier sur la question de la mesure de la diversité ethnique qui a indiqué :
"La dimension "multiculturelle" est un sujet moins facile à adresser pour les entreprises françaises, parce qu’il y a beaucoup de contraintes et peu de marge pour l'évaluer. Mixity montre aux entreprises et les accompagne avec des outils nouveaux qui évaluent la perception des diversités d'origine. Les premiers résultats sont encourageants.

Sandrine Charpentier a également évoqué le projet de l'étude que Mixity pourrait lancer avec le #ClubKesho sur l’égalité réelle au sein des entreprises.

  • Zyad Limam : PDG d'Afrique Magazine qui avait développé un aspect plutôt prospectif de ces sujets dans son parcours, a précisé :
"Je suis heureux de redécouvrir le sujet de la diversité que j'avais appréhendé de manière plus politique et qui a, soulignait-il, maintenant des ramifications réelles, économiques, entrepreneuriales, organisationnelles".
  • Jean Philippe Torres : Directeur Afrique/Senior Vice-President Africa a présenté et partagé la politique diversité et inclusion de TotalEnergies, en rappelant qu’elle est au cœur des préoccupations, depuis le top management jusqu’aux équipes opérationnelles. Ce responsable engagé a conclu son intervention par :
"Pour être meilleur au quotidien c’est sûr qu’il faut savoir être ouvert à la diversité et être inclusif ".

. Cette rencontre a réuni près de 140 personnes majoritairement des cadres et collaborateurs (f/h/nb) de grands groupes français « issues de la diversité » mais également des personnes alliées des sujets de la lutte contre les discriminations. Les moments-clés et interviews : ICI (3)

Crédit : Club Kesho

Le replay complet de la table ronde : ICI (2)

Que retenez-vous des principales questions posées par un auditoire important et des nombreux échanges qui ont pu avoir lieu ?

" Je note qu’il y a une réelle nécessité de travailler ensemble entre les collaborateurs et les managers. Que ces sujets de la diversité et de l’inclusion ne concernent pas seulement les potentielles personnes discriminées. Les managers peuvent être des alliés car ce sujet a une ramification sociétale qui touche aux valeurs de l’entreprise et impacte sa performance. J’ai retenu l’importance d'échanger et de partager nos expériences pour découvrir les exemples et expérimentations menés dans les entreprises. Cela ouvre les champs des possibles avec la volonté de se fixer des objectifs nouveaux.  Enfin, le sujet de la data et des enquêtes, pour aborder la réalité de la situation, a été plébiscité par l’ensemble des participants (f/h/nb)."

En quoi la mesure de la diversité afropéénne est-elle un enjeu pour les membres de votre Club ?

"C’est la garantie, comme le dit la chanson "Couleurs vives" de l’artiste de Zaz que les gens n’aient pas pour seul crime : « d’être nés de leur mère » ou comme l'a déclaré Martin Luther King Jr dans son rêve : « que le gens ne seront pas jugés sur la couleur de leur peau mais sur la valeur de leur caractère ».

"Le projet de la mesure de la diversité afropéenne permettra aux entreprises de s’assurer qu’elles recrutent et donne les mêmes opportunités à l’ensemble des talents du pays. Elle permettra, à l’ensemble de tous les salariés afropéens ou non (f/h/nb), de savoir si l’entreprise porte réellement des valeurs éthiques et d'équité pour l'ensemble des personnes. Ce sujet de mesure, pour étalonner la stratégie, nous concerne tous-toutes quel que soit notre couleur de peau, notre situation sociale, notre genre, notre orientation sexuelle ou notre condition humaine ou physique. Nous sortirons des faux ressentis et des clichés pour parler des faits."

Quels sont les prochains rendez-vous du Club Kesho ? Et les actions vous que vous souhaitez développer ?

"Nous prévoyons deux évènements en 2024 (juin et décembre). Nous allons également travailler sur le mentoring interentreprise et partager nos expériences aux étudiants (f/h/nb) qui vont intégrer bientôt le monde de l’entreprise. Nous espérons fermement lancer avec Mixity une étude sur l’égalité réelle."

Crédit : Club Kesho

(1) Le swahili, avec un nombre de locuteurs (f/h/nb) estimé entre 90 et plus de 110 millions de personnes, est parlé dans toute l'Afrique de l'est et dans une partie de l'Afrique centrale. Il jouit du statut de langue nationale et officielle en Tanzanie, de langue nationale au Kenya et en République Démocratique du Congo.

(2) Le détail des interventions de Sandrine Charpentier dans le replay complet de la table ronde

Entre 29'30 et 32'40 : le contexte général de la diversité et de l'inclusion dans les entreprises
Entre 43'25 et 49'40 : les dispositifs légaux pour mesurer et agir sur les diversités
Entre 1h10 et 1h12 : les attentes des collaborateurs (f/h/nb) sur les engagements de l'entreprise

(3) En vidéo, les retours "moments-clés" avec des interviews de certaines personnes participant et intervenant à l'événement : ICI

•  (*) Culture pour le développement dit Kult for D « Kult4D » crée en 2019 par les collaborateurs (f/h/nb) du groupe AFD pour promouvoir la culture dans le développement en proposant des événements et rencontres autour d’artistes et intellectuels des pays d’intervention de l’AFD majoritairement des artistes africains et de sa diaspora.

• (a) Le réseau CulturALL de BNP Paribas, fondé en 2011, œuvre pour la diversité ethnique et sociale, reconnaissant cette diversité comme une force pour le Groupe BNPP. Avec près de 1000 membres, il vise une représentativité accrue de la diversité à tous les niveaux de l'entreprise, combat toute forme de discrimination, et promeut l'épanouissement de ses membres.

• (b) Le Club Afrique de Deloitte Crée en 2017 qui a pour objectif de faire (re) découvrir l’Afrique au collaborateurs de Deloitte France et Afrique francophone - mais aussi aux partenaires. Et ce, à travers des événements sur divers thématiques tels que le luxe, l’art, le sport, etc, des actions humanitaires et actions envers les étudiants (f/h/nb).

•  (c) Le club Airbus Africa Community fondée en 2017 pour inspirer les prochaines générations de jeunes africains et africaines via l'éducation et différentes actions pour les inspirer. Cette communauté compte 80 membres sur les sites Airbus, principalement en Europe.

•  (d) Le club Maât est un réseau interne EY fondé en 2017, qui a pour ambition de fédérer les collaborateurs et collaboratrices désireux et désireuses de s’engager pour le rayonnement du continent africain par la promouvoir la diversité et l’inclusion.

• (e) GAHA Europe est né en 2020 c’est le fruit de GAHA Global African  Heritage Alliance (rattaché à la branche américaine) qui existe depuis plus d’une dizaine d’années. Le Club fédère les employés (f/h/nb) de Corteva autour de la promotion d’une culture d’inclusion et d’équité.