#MixityPeople avec Sarah Daninthe

Sarah Daninthe, passionnée de sport, est une escrimeuse internationale qui a remporté, deux fois, le titre de Championne du Monde. #MixityPeople vous en dit plus.

#MixityPeople avec Sarah Daninthe

Prénom : Sarah

Nom : Daninthe

Age : 40 ans

Lieu de naissance : Les Abymes (Guadeloupe)

Activité : Digital Project Manager / Board Premiers de Cordées

Passions : Le sport d’une manière générale, la cuisine, les voyages, la musique, la moto, tester des outils, produits etc., écouter les autres...

Quels sont vos engagement(s) personnels ?

Je suis au board de Premiers de cordées, association qui initie à la pratique sportive les enfants hospitalisés et sensibilise au handicap à travers le handisport, les scolaire et les entreprises. L’association cherche à développer des rencontres entre sportifs et jeunes à travers des démonstrations, des initiations ou des débats. Concernant la sensibilisation au handicap, nous cherchons à sensibiliser au handicap les élèves valides des écoles primaires, collèges et lycées mais aussi les entreprises. Il existe une véritable problématique d’insertion des personnes handicapées. Au sein de notre association, tout le monde a son mot à dire et son rôle à mener.

Je suis investie au sein du groupe olympique international au sujet des femmes leur représentativité et leur représentation au niveau des médias surtout. On est à une époque moderne où encore, on fait appel à une femme nue pour vendre un dentifrice ; alors que très clairement je ne pense pas que ça ait des répercussions sur l’efficacité de ce dentifrice :).

En plus de tout ça, je me rends dans des écoles primaires, des collèges, des lycées mais aussi dans des associations comme « Le Refuge ». Je parle de mon expérience. Je viens de 8000 Kms, d’une famille de classe moyenne avec des parents qui ont été pauvres. J’ai vécu le racisme, l’homophobie, la xénophobie, le sexisme, etc. mais j’ai eu la chance de croire en moi et d’avoir des parents qui m’ont appris à croire en moi mais aussi en l’autre. Quand je regardais la télé, je n’avais pas de repère particulier ou de personnes qui me ressemblaient vraiment. Le jour où j’ai vu Laura Flessel devenir la première championne Olympique à l’épée, je savais que j’allais être médaillée olympique. La représentativité et la représentation de tout type de personne change notre propre regard sur nous-même, notamment sur ce qu’on est capable d’accomplir, mais aussi sur les autres. Donc n’étant pas encore à une époque où nous sommes tous représentés et intégrés sans différence, je vais dans les écoles, j’échange avec les jeunes, nos futurs votants et responsables pour leur dire que « C’est possible » et qu’ils peuvent y arriver tout en se respectant et respectant l’autre. En banlieue, en Guadeloupe à 8000kms de Paris, maghrébins, chrétiens, transsexuels, etc.. oui c’est possible.

Pouvez-vous nous dire les deux premières choses que vous avez faites lors du premier déconfinement ?

Les premiers jours du confinement m’inquiétaient, je n’étais pas tranquille à l’idée de rester enfermée..contre mon gré. Donc j’ai d’abord pris du temps pour moi et pour ne pas me sentir trop enfermée ; ça n’a pas fonctionné. On n’a pas tout de suite bénéficié du chômage partiel dans ma boite. Les premiers temps, je bossais à temps plein et ça me permettait de tenir. Puis en chômage partiel, j’ai du coup mis en place une routine. Yoga et/ou méditation le matin. Je me suis formée sur les logiciels, outils et métiers par la suite. J’ai commencé par des webinaires et me suis laissé emportée par des formations (payantes) certifiantes. Les autres jours de la semaine, je travaillais à temps partiel. Je finissais la journée par une pratique sportive (5 fois par semaine). Ce que j’adorais par dessus tout était d’avoir du temps pour moi. De me préparer à manger avec de bons produits, de me faire plaisir en les préparant et en les mangeant. Moins de transport, moins de stress, plus de temps pour récupérer, dormir, être en forme le matin, même pour une personne comme moi qui ne suis pas du matin. J’ai pris du temps pour moi… et pour ma famille.

Ce confinement change énormément la done sur la vision de la pratique du sport, de la « balance »pro/perso, du boulot et de la relation entre collègues. Perso, je sais aujourd’hui que je ne pourrai plus bosser sans tenir compte de mon équilibre de vie perso en plus de ma vie professionnelle, que je ne pourrai plus bosser pour une boîte qui n’entend pas cela, ni ne pratique la politique de travail à distance. Au déconfinement, je n’ai rien changé. Je suis restée chez moi car le virus étant toujours actif, je prenais mon temps en continuant la routine mise en place. Depuis, je prends ma moto, vais voir ma famille et quelques potes et continue à prendre du temps pour moi en profitant plus de la vie. D’ailleurs, là je vous écris au soleil des bords de Marne.

. RoleModel ? Quelles sont les personnes que vous admirez ?

Je viens de la Guadeloupe à 8000 kms de Paris mais à 2200 km de Miami. On a une influence très forte des US en terme de sport, séries tv, musique, etc. Je suis un fan de Basket ball, surtout US. Je suis de l’époque Jordan, Pipeen, Barkley, Thomas etc… Jordan a été pendant longtemps pour moi la référence. Déjà parce que c’est grâce à lui ou André Agassi que j’ai compris comment m’entraîner pour réussir et atteindre ma médaille olympique. Me mettre une routine, par exemple quand l’entraînement collectif, s’arrêtait, je continuais à m’entrainer. Aujourd’hui un autre basketteur professionnel a tout fait exploser, Lebron James. Il a tout simplement mis son rôle, son niveau, sa popularité au service de sa « communauté » et de sa ville, Akron, ville de l'Ohio, extrêmement pauvre.

Tina Turner : Petite, cette femme me fascinait car elle a vécu des choses horribles dans sa vie mais semble s’être toujours relevée pour aller encore plus loin, la fois d’après.

Comme beaucoup, j’ai des roles model connus qui comptent mais les premiers sont mes parents. Ma mère avant tout, qui s’est beaucoup occupée de moi, qui m’a consacré beaucoup de temps et s’est sacrifiée pour que je réussisse ma carrière sportive. Mon père qui nous a appris très jeune, que tout pouvait être possible. Même en étant une femme, noire, à 8000 kms de Paris, rien ne pouvait m’empêcher d’être médaillée olympique…hormis (sûrement) moi (peurs, etc.). C’est avec le temps que j’ai compris ce qu’avaient fait mes parents, leur impact. Et j’ai eu de la chance de connaitre ça jeune : on peut y arriver en mettant en place une stratégie, une routine, des objectifs, du sérieux, de la joie dans ce qu’on fait etc.

A travers votre expérience quelle est votre définition de la diversité ?

La diversité est une société qui rassemble tout le monde. Qui ressemble et prend en compte tout le monde que vous soyez jeune ou plus âgé, handicapé ou valide, obèse ou pas, hétéro ou homo ou transgenre ou polyamoureux, noire ou blanc, pratiquant une religion ou pas, une femme ou un homme ou autre, etc. La diversité passe aussi par le fait que les sociétés évoluent et s’enrichissent de profils différents. Par exemple, le polyamour, je ne connais la définition de ce type d’amour que depuis peu. Encore le fait que vous puissiez dans un document, cocher la case homme ou femme mais aussi « autre » car tout le monde ne se définit pas comme étant l’un ou l’autre, pareil pour les orientations sexuelles. Les personnes évoluent, les sociétés évoluent, nous ne devons pas juger mais rester curieux et comprendre ceux et ce qui nous entoure, plutôt que de juger ou de détruire, ça ressemble à ça la diversité.

De votre point de vue, quelles sont les clés de l’inclusion ?

Agir : Lebron James (basketteur professionnel américain) vient de Akron, une petite ville américaine qui a un taux de pauvreté assez important. Il sait que les jeunes sont quasi laissés pour compte et n’ont pas un accès facile à l’école. Du coup, il a créé son école, « I Promise School ». Les instituteurs prennent le temps pour les élèves même de manière individuelle, en particulier avec les élèves qui ont décroché. Il y a un focus sur les facteurs extérieurs à l’école que peuvent rencontrer les élèves (les parents aussi d’ailleurs). Les enfants ne sont pas délaissés une fois l’école finie, où on sait qu’ils peuvent facilement « glisser » vers de potentiels problèmes.  Il fait circuler un bus pour les récupérer chez eux et les amener à l’école (puisque parfois ils n’ont pas les moyens de s’y rendre). Il leur donne accès à un petit déjeuner, déjeuner et snacks car là aussi, il résout un problème crucial. L’école fournit des services aux parents ce qui inclut la « reprise de confiance en soi », l’assistance pour du placement vers l’emploi, la reprise des études, une banque alimentaire qui permet aux parents d’avoir de quoi préparer à manger le soir à la maison et surtout, la garantie de voir ses études à l’université tous frais payés. J’appelle ça, un excellent exemple d’Action pour l’inclusion.

Chaque personne peut être actrice de l’inclusion. Pouvez-vous citer une ou deux actions personnelles pour la faire avancer ?

Le travail effectué par l’association Premiers de cordées. On a la chance d’avoir Kylian MBappé comme parrain ce qui nous ouvre un peu plus de portes.

Je pense aussi à une structure qu’on pense monter avec mon frère qui s’adressera aux jeunes de la Guadeloupe et leur décrochage scolaire. Je n’ai pas les moyens de Lebron James mais la volonté de faire bouger les choses dans mon île dans un premier temps. Plusieurs sujets, l’obésité, la tech, le sport, les études, l’emploi.

Champ libre

Je suis une vraie accro aux séries. J’adore les séries qui ont du sens ou des films qui racontent ou relatent des faits réels. Hier j’ai fini une série américaine, qui s’appelle « Mrs. América » avec Cate Blanchett sur le mouvement de la libération de la femme. La série s’inspire des évènements autour de l’Equal Rights Amendment (ERA) pour l’égalité des sexes. On relate les rôles de Phylis Schlafly, une activiste conservatrice anti-avortement (entre autre), ou de Gloria Steinem, journaliste et promotrice des droits des femmes… La série est pas mal sans trop le vernis américain « On va sauver le monde ». Ce qui m’a le plus choquée, en plus de certains propos d’hommes mais aussi de femmes sur le rôle de la femme dans la société (on parle des années 60, 70, 80 aux US) c’est surtout qu’à la fin les trois derniers états qui ont ratifié l’ERA l’ont fait en 2017, le Nevada, 2018 l’Illinois et 2020 la Virginie le 38ème état à ratifier l’ERA. La chambre, à majorité démocrate, vota l’abrogation du délai de ratification de l’ERA. Le Sénat à majorité républicaine, n’a visiblement aucune intention de donner suite. Concrètement, aux US, les femmes ne bénéficient toujours pas de l’Equal Rights Amendment, d’après la loi. C’est fou quand on y pense !

On peut tous, toutes à notre échelle, faire quelque chose d’extraordinaire de nos vies. So… let’s goooooo !

Mixity, 1ère solution digitale à évaluer la responsabilité sociale des entreprises aux travers des engagements qu'elle soutiennent pour inclure les publics fragilisés dans la société et dans l'emploi. ICI

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