By Dominique Crochu in Actualités — Jul 7, 2020

Entreprendre et réussir dans les quartiers

Bpifrance Le Lab vient de publier une enquête : « Entreprendre dans les quartiers : libérer tous les potentiels ». Cette étude est soutenue par Terra Nova et la fondation américaine J.P. Morgan.

Les résultats ont été présentés par Elise Tissier, Directrice Bpifrance Le Lab et Thierry Pech, Directeur Général du Think Tank Terra Nova. Après avoir expliqué la méthodologie ("quali" - "quanti" - "téléphonique") et rappelé que la première étude avait été faite en 2016, la dirigeante de Bpifrance a commenté les résultats de celle-ci. La comparaison est faite entre l'entrepreneuriat dans les "QPV" (quartiers prioritaires de la ville) et ailleurs.

Focus sur les points forts

. 77% des entreprises créées en "QPV" dépassent les trois ans d'existence versus 74% ailleurs

. Une entreprise située en "QPV" autant de chance de survie qu'ailleurs

. Création de sociétés : sur 100 habitants, en "QPV" = 1,7 création versus 2,2 ailleurs

. Ressources-clés des entrepreneurs en "QPV"

une forte détermination
une solidarité exceptionnelle (famille, amis, réseau du quartier...)
une connaissance affiné du marché local

Focus sur les points à améliorer

Les entrepreneurs des "QPV" doivent faire face à :

l'éloignement économique : un projet en "QPV" est d'environ 28.000 euros, hors quartier, environ 44.500 euros.
la relation à distance avec les Banques : 60% d'entre eux ne font pas appels aux établissements financiers contre 49% pour le reste.
l'éloignement géographique : si la clientèle locale est une force au départ de la création de la société, elle peut devenir un frein du fait de ne pas assez développer celle-ci.
le manque certain de réseaux hors des "QPV" de niveau régional et plus encore de niveau national.

Des témoignages

Anrifa Hassani, CEO de Yoostart

Anrifa Hassani souligne que "l'étude met en valeur, pour la première fois, les femmes entrepreneures qu'elle salue particulièrement. La majorité des entreprises qui réussissent dans les quartiers sont tenues par des femmes. C'est la première fois qu'on en parle. En 2020, il était temps.
De façon générale, les barrières psychologiques sont importantes. Il y a des structures d'accompagnement, nous ne partons pas tous avec les mêmes cartes, mais nous savons tous jouer. On doit considérer l'entrepreneur des "QPV" comme un autre. Il faut que les entrepreneurs des quartiers comprennent que c'est une histoire de motivation et de détermination."

Mohammed Haddou, CEO de IFEO

Mohammed Haddou indique que "cette enquête donne un éclairage positif sur les entrepreneurs. Dans ces quartiers, on ne voit la réussite qu'ensemble. En 2020, la victoire est là, il faut l'enraciner au coeur des villes. Les grands projets urbains vont peut-être apporter l'ancrage de la réussite. L'intelligence collective doit permettre le succès à tous les niveaux. Ecrire une réussite collective pour qu'elle soit plus impactante. S'engager à entreprendre, c'est aussi accepter de se développer personnellement. Il est nécessaire de combattre les pensées limitantes et de se décloisonner l'esprit. Un vrai travail pour sensibiliser les porteurs de projets et les responsables financiers, les acteurs privés, publics. Il est utile de comprendre que dans les quartiers, il y a un gisement, une force et l'approche de vouloir "libérer les potentiels" est un facteur de succès".